Retour aux actualités
L’Art Brut est un mouvement artistique défini par Jean Dubuffet en 1945. Il s’agit de productions faites par des personnes exemptes de culture artistique. L’Art Brut s’est depuis fait une place dans le paysage contemporain de l’art.
L’Art Brut se définit par deux dimensions. L’une est sociologique et l’autre est artistique.
D’une part, l’ordre sociologique permet de définir l’artiste en fonction de plusieurs critères. On regardera, le contexte d’origine ; si l’auteur est autodidacte ou s’il se situe en dehors d’un milieu artistique. On s’interrogera sur le but de ses productions ; si l’auteur souhaite s’inscrire dans un champ artistique et s’il cherchait la reconnaissance. Est-ce que l’auteur se considérait comme un artiste et avait-il conscience de faire de l’art ? Pour le peintre Jean Dubuffet, l’Art Brut comprend des créateurs autodidactes, des fous et des marginaux (anarchistes, prisonniers, reclus, mystiques ou révolté). Ils créent sans se préoccuper de la critique.
« Ce sont les productions d’art émanant de personnes étrangères aux milieux spécialisés et élaborées à l’abri de toute influence, de façon tout à fait spontanée et immédiate, qui m’intéresse »
Jean Dubuffet
Dubuffet remet en cause la notion même d’œuvre d’art. Doit-elle être la production d’un artiste qui a suivi une formation académique ou qui appartient à milieu artistique ?
En Art Brut, la plupart des créateurs n’ont pas ou très peu de notions sur l’art. Ils créent sans besoin de reconnaissance, ils conçoivent un univers qui leur est propre.
D’autre part, on regardera l’aspect artistique des productions. Cependant, cet aspect reste très subjectif.
Le terme « brut » s’oppose au terme « culture ». L’Art Brut évoque donc la simplicité, la spontanéité et le naturel. Il s’agit d’un art qui ne suit pas les disciplines académiques traditionnelles. Pour Jean Dubuffet, ce n’est pas l’école qui apprend à devenir artiste. L’œuvre d’art « brute » ne doit pas être façonnée par des règles ou contaminée par des modes ou des codes, elle est le fruit du génie.
En savoir plus : un artiste de la même époque > Bernard Buffet
Le terme d’Art Brut a été employé pour la première par Jean Dubuffet en 1945 lors de ses visites des hôpitaux psychiatriques en Suisse. Il constitue alors une collection d’objets créés par ces marginaux qu’il exposera en 1947 afin de d’attirer un regard neuf sur des créations jusqu’alors sous-estimées. Ces travaux, réalisés à l’aide de moyens inédits et de matériaux originaux, n’ont pas subi l’influence des mouvements artistiques conventionnels. C’est un art à la fois spontané et inventif.
Ce mouvement artistique a pris du galon et occupe aujourd’hui une place non négligeable aussi bien du côté universitaire que dans le monde institutionnel de l’art. On retrouve fréquemment des expositions d’Art Brut dans les grands musées. Les œuvres de nombreux artistes comme Adolf Wölfi (1864–1930), Fleury-Joseph Crépin (1875–1948), Augustin Lesage (1876–1954) ou encore Aloïse Corbaz (1886–1964) sont très recherchés et ont la côte dans les hôtels des ventes. Les enchères peuvent atteindre des valeurs astronomiques.
En France et partout ailleurs dans le monde, d’autres collections se sont constituées et de nouveaux créateurs ont été découverts. Il existe aujourd’hui d’autres dénominations : outsider art, art des irréguliers, les singuliers de l’art, art hors normes, art cru, etc.
Le rapport entre Art Brut et Art Contemporain est très ambivalent. D’un côté, l’Art Brut se détache par sa vitalité et s’oppose à la froideur et à l’intellect de l’Art Contemporain. De l’autre, il est comme aspiré par le mouvement de l’Art Contemporain pour en être, parfois même, considéré comme le modèle du présent et de l’avenir.
L’Art Brut a donc de beaux jours devant lui. La côte des artistes et œuvres d’Art Brut va très probablement aller à la hausse dans les années à venir. Cela promet de belles ventes aux enchères !
En savoir plus : Comment enchérir dans une vente aux enchères
Confier à Mercier & Cie l’estimation et la vente d’art brut. En 2019, la salle des ventes lilloise a battu un record mondial, en vendant une toile de Victor Simon, fils de mineur et grand maître de l’art brut. Cosmogonie. La Terre, une œuvre datée de 1955, 239 x 290 cm, a été adjugée 131 250 €.
